mon histoire
“Je déteste les Tysts.”Je suis né avec cette pensé. C’est scientifiquement impossible. Je le sais. Mais je ne me rappelle pas la première fois où elle m’est venue à l’esprit. Je suis né à Copenhague, mes parents sont tout ce qu’il y a de plus normal et de plus humain. Plutôt bien placés dans cette société contrôlée par des êtres qui nous déteste. Ainsi, je n’ai manqué de rien. Tout du moins, pas sur le plan matériel.
Vous vous imaginez ce que c’est que d’avoir à peine atteint l’âge de raison et on vous répète déjà sans cesse que, c’est bien d’avoir de bonnes notes. Mais qu’il faut faire attention. Il ne faut pas être trop bon, il ne faut pas être trop curieux et faire taire cette soif d’apprendre. Il n’a pas fallu longtemps à mes professeurs et mes parents pour comprendre que j’avais un Q.I au dessus de la moyenne. Malheureusement, il n’est plus permis aux humains d’être aussi intelligent, ils risqueraient d’égaler les Tysts. Et ces derniers vont vous éliminer. Tout du moins, c’est ce que les rumeurs disaient. Ou alors c’était des histoires que me racontaient mes parents pour me faire peur.
Ainsi, on peut dire que j’ai grandis en cultivant cette haine envers les Tysts. Si parfait, il s’agit sans doute de jalousie. Parce que j’ai toujours su que, peu importe mes efforts, peu importe tout ce que je ferais. J’étais né humain et je ne serais jamais aussi bon qu’un Tysts. Et même si j’essayais, ce ne serait jamais permi. Pourtant, cela ne m’a pas empêcher de grandir. Les Tysts lisent en nous comme des livres ouverts. Mais ça n’empêche personne de les haïr. Ils savent que les humains sont jaloux. Etant donné qu’ils ne ressentent rien, je doute que ce soit pour une question d’égaux qui nous gardent en vie. Ils ont sans doute besoin de nous. Et surtout, ils ne nous craignent pas.
C’est peut-être pour cette raison que j’ai réussi à rentrer en école de vétérinaire. On voit plus de Tysts que d’humain dans les domaines médicaux en général. Mais quand il s’agit de toucher aux animaux, si proche des métamorphes, on est apparemment moins regardant sur les candidats. J’ai choisis ces études par défaut. Bien que j’aime les animaux sûrement plus que les humains, je voulais faire des études bien plus poussées que celles-ci.
Cependant, je ne regrette rien. En effet, sans cette école, je ne serais jamais allé bien loin. C’est au cours de mes études que j’ai pu rencontrer de nouvelles personnes, découvrir de nouvelles possibilités et notamment entendre parler du Centre pour la première fois. J’étais jeune, idéaliste, influençable, vous vous doutez bien que l’idée ne pouvait que me plaire. Et le professeur qui m’avait introduit subtilement le projet, savait que je serais un bon élément.
C’est grâce au soutiens de ce professeur (et sans doute du Centre par extension), que j’ai pu partir à Vancouver pour la suite de mes études. Obtenir mon diplôme de Vétérinaire, commencer en parallèle des études de botanique et avoir un doctorat en la matière. J’aurais aimé en faire plus, mais on m’a bien faire comprendre que, pour un humain, deux diplômes pareils, c’était déjà trop.
“Je déteste les Métamorphes.”Une pensée soudaine, la première qui m’est venu à l’esprit, alors que je suis là, allongé dans mon canapé, à peine réveillé et sous les yeux une scène assez improbable. Pour la comprendre, il faut revenir quelques années auparavant.
J’ai vingt-et-un ans. Je viens d’arriver à Vancouver, des ambitions plein la tête. J’attaque ma quatrième année d’études, mais en parallèle, il faut bien que je paye mon loyer. Alors je suis assistant d’un petit vétérinaire du quartier. Plutôt vieux, sympathique, honnête, humain. C’est pour ça que je l’ai choisis lui et pas un autre.
Il est tard, il fait nuit depuis un moment déjà. Le boss est parti, me laissant le soin de tout ranger et faire un peu de ménage avant de fermer les lieux. Je m’apprête à partir, quand un type débarque, paniqué, avec un chien blessé dans les bras. Une scène digne d’une comédie clichée.
L’animal à l’air de souffrir, l’homme me raconte qu’il l’a heurté avec sa voiture et il est venu aussi vite qu’il a pu pour sauver cette bête sortie de nulle part. Je ronchonne, et lui fait signe de rentrer.
Quelques semaines se sont déroulées depuis l’accident. Le chien, enfin la chienne, va mieux, elle boite toujours un peu, mais rien de très grave. J’ai voulu retrouvé ses propriétaire, en compagnie de l’homme qui l’avait heurté mais rien. Pas de collier, pas de puce, pas de tatouage et personne pour la revendiquer. Alors oui. Je l’ai adopté. Enfin, on l’a adopté. Une soirée et je me suis retrouvé avec une chienne et un petit-ami.
Un beau bazar dans mon appartement, mais je suis loin de le regretter. On habite tous les trois. Ca me donne presque l’illusion d’avoir fondé ma propre famille.
Quatre ans plus tard on a rompu. J’imagine qu’on peut se dire que toute bonne chose a une fin. C’est parti d’une dispute un peu débile, puis c’est d’un commun accord que nous avons mis fin à notre relation. Je relativise, mais ça n’en a pas moins été une rupture difficile. Cela m’a pris du temps pour m’en remettre. Heureusement, c’est moi qui ait gardé Iris, notre chienne.
C’est là qu’on peut revenir à notre situation initiale. Celle où je suis dans mon canapé, face à cette scène improbable. Ca fait deux ans que je vis seul avec Iris. J’ai donc vingt-sept ans. J’ai passé la nuit à travailler, à tel point que je me suis endormis le nez dans mes livres. Et je ne l’ai pas entendu arriver. Je ne l’ai pas entendu ouvrir la porte, ni s’approcher de moi. Heureusement, Iris est plus réactive. Elle aboie, ce qui me réveille. Je remarque alors la présence d’un inconnu armé dans mon propre salon à quelques pas de moi.
Je me lève. L’homme pointe son arme sur moi. Je n’ai pas le temps de réagir, je suis encore fatigué, je vois une boule de poils bondir, puis changer de forme, devenir une femme, cette dernière attrape mon agresseur par le poignet. Elle tente de lui faire une sorte de prise. Ils luttent tous les deux, ça ne dure que quelques secondes, je reste planté là, sans comprendre. Je réalise que cette femme est ma Iris, ma chienne. Je me sens trahis. Je déteste les métamorphes.
Un coup de feu se fait entendre, je reviens sur terre, je vois du sang, un cadavre au sol et cette femme avec l’arme à la main. Je m’évanouis.
“Je déteste les humains.”Je lâchai un soupire à cette pensée. Comment mes collègues pouvaient travailler dans un boucan pareil. Ce n’était pas le bruit en lui même qui me dérangeait. Mais les conversations. J’étais trop tenté de les écouter pour me concentrer sur ma tâche. Je devrais pourtant être habitué. Cela faisait maintenant six ans que j’avais rejoint officiellement le Centre. On peut dire que j’avais fini par instaurer ma petite routine. Cependant, il y a certaines choses qui m’agaçaient et m’agaceraient toujours je pense.
Pourtant j’estimais être tolérant envers le Centre. Il faut dire que je leur devais beaucoup. D’abord mes études, puis ma vie. Je ne pouvais pas l’oublier. Iris m’avait sauvé la vie cette nuit là. Je n’ai jamais su qui était cet homme, mais il m’aurait abattu, s’il en avait eu l’occasion. Et c’est de cette façon que j’ai appris que mon animal de compagnie, devenue ma colocataire, n’était pas une simple âme égarée, mais bien un membre du Centre chargé d’assurer ma protection.
Le plan avait un peu dévier. De base, ils étaient deux chargés de la mission, Iris et son frère. J’ai donc appris que mon ex aussi était un métamorphe. Et le frère de notre chien en plus. Cependant, ils avaient bien eu un accident. Sous le choc, Iris s’était transformée et son frère n’avait pas eu de meilleure idée que de me l’amener.
Je m’étais sentis trahi après toute ces révélations. Mais j’ai bien vite compris que c’était pour mon bien que tout ça avait eu lieu. Puis l’accident ne faisait pas parti du plan initial. Cela ne faisait pas parti du plan initial non plus qu’Iris reste sous sa forme animale aussi longtemps. Et cela ne faisait pas parti du plan que je tombe amoureux de son frère, ni qu’on rompe.
Tout ça me semblait tellement loin maintenant. Certes, je vivais toujours avec Iris, mais je n’avais plus entendu parlé de son frère depuis. Ce que je reprochais au Centre, plus récemment, c’était de m’avoir forcé à porter cette puce, un prototype même pas totalement achevé. Je leur avais pourtant expliqué qu’il valait mieux attendre des résultats plus concluant. Mais apparemment, leur besoin de se protéger était trop urgent. Et j’ai été obligé d’en avoir une aussi. Au cas où, je travaillais ici depuis bien trop longtemps, je disposais de trop nombreuses informations. Mais mes talents en temps que scientifique me donnent trop de valeur pour qu’ils puissent se contenter de m’abattre et ainsi être sûr que jamais un Tyst ne mettrait la main sur la moindre information.